Samedi matin 30 octobre 2004
Chronique de Brigitte Patient sur France-Inter (intégrale)
Si vous vivez à Paris ou pas loin, vous allez pouvoir aller au théâtre avec vos enfants… Ensuite, le spectacle ira à Compiègne, Franconville, Tremblay en France, Vitry sur seine Mulhouse au Tréteaux de haute Alsace, à Champs sur Marne. L’ébloui, c’est un texte d’un auteur contemporain Joël Jouanneau, la Cie ContreCiel privilégie la création avec les auteurs vivants. L’ébloui, c’est l’histoire d’un garçon qui s’appelle Horn, il naît à l’âge de 7 ans avec 2 trous noirs à la place des yeux. Il va retrouver la vue grâce à Merveille qui dit être sa mère, il promet en échange de toujours lui dire oui, et non aux autres. Mais un jour Horn rencontre Aube…Sur la scène, c’est Horn le vieux que l’on va rencontrer, avec une bougie qui est l’histoire de sa vie. Horn le vieux c’est Cyrille Bosc, comédien magnifique, il nous transmet son chemin parcouru depuis cet enfant de 7ans qu’il était, il est l’adulte que nous sommes, il parle en secret à l’enfant que nous étions….mais à haute voix, il parle bien aux enfants dans la salle. L’histoire commence là où elle finit. Entre la fin et le début, il y a des apparitions, des absences, des revenants, des temps qui se croisent, des hasards, des signes. Et pour entrer dans cette écriture, puisqu’on est au théâtre, la mise en scène de Luc Laporte est d’une grande finesse : la lumière écrit dans les voiles blancs puis bleus, la prison des glaces puis les tempêtes des flots. La toute petite bougie est toujours là, elle vacille mais ne meurt pas, les ombres sur les voiles font apparaître un visage, celui de l’amour, il s’appelle Aube. Des personnages comme en surimpression sur les voiles blancs montre la toute puissance de Horn quand il veut montrer à Aube comment il casse un bras à celui qui lui désobéit, une oreille coupée…. Et puis, il y a les marionnettes : J’aurais aimé être tout prêt de la scène pour observer Horn, ce petit garçon qui ne doit pas dire oui sauf à sa mystérieuse… merveille Il dira oui un jour à une autre, et Aube apparaîtra ! Les marionnettes sont faites de bois. Elles sont de Thierry Dufourmantelle. Les marionnettes sont des sculptures, en bois flotté. Mais elles sont aussi images virtuelles. Elles sont animées. Elles sont pures illusions, comme des petits signes lumineux qui nous transmettent une présence.Elles sont là où on ne les attend pas et c’est exactement ce qui m’a plus dans cette mise en scène, c’est cette possibilité d’aller autrement, ailleurs, avec les objets. Horn le vieux est un homme, Horn le jeune est un enfant, Marquise est un ange gardien, Merveille est une femme, Aube est une merveille, l’âne à trois têtes est Bolivar, Barnabé et Bourricot, et il y a aussi Personne qui a appris la patience et qui attend le temps pour les faibles, il n’est pas arrivé ce temps mais il viendra ! Parmi toutes les propositions faites au jeune public aujourd’hui, en matière de spectacle vivant, il faut absolument sélectionner des écritures, des mises en scènes, des partis pris qui engagent la Cie, le metteur en scène, le lieu dans lequel se joue le spectacle et donc le spectateur petit et grand. Luc Laporte fait des choix de théâtre qui nous emporte vers le haut. Et puis enfin, vous écouterez une musique qui n’illustre pas, qui ne souligne pas, qui vit sa vie de musique et qu’on remarque sans gêne, sans se dire : zut, j’écoute la musique et j’ai perdu le fil de L’ébloui. C’est la musique de Fred Costa.
L’ébloui, c’est à L’étoile du nord à Paris dans le 18eme .
Le texte de Joël Jouanneau est édité chez Actes Sud Junior Heyoka.
Le journal du théâtre, THEATREONLIN
Le vieux Horn arrive avec sa bougie vacillante et sa voix rauque et profonde et raconte l’histoire de sa vie. Alors la parole et le souvenir de cet homme grave s’ouvrent sur un monde merveilleux, à la fois lointain et proche. La présence de Horn se superpose à un espace intérieur et à une mémoire pleins de poésie. Acteurs manipulateurs, marionnettes et images coexistent sur une scène qui fait appel à l’imagination et possède la puissance de la métaphore. La Compagnie Contre Ciel donne vie au sensible texte de Joël Jouanneau dans un spectacle d’une beauté épurée, sombre et émouvante …/… un monde d’une originalité et d’une qualité remarquables. Cette narration, qui rompt avec l’habituelle linéarité du temps, est recréé par la mise en scène de Luc Laporte …/… les trois manipulateurs de Contre Ciel inventent un véritable théâtre d’objets en faisant évoluer les marionnettes. Des toiles et des images projetées s’ajoutent pour créer la richesses visuelle de ce spectacle qui invite à rêver les enfants et les adultes. Guillermo Pisani